Prévalence
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), au moins 2,2 milliards de personnes souffrent d’une déficience visuelle. Cette déficience aurait pu être évitée ou n’a pas été traitée pour près de la moitié d’entre elles (soit 1 milliard de personnes). Le nombre de personnes atteintes d’une déficience visuelle devrait encore augmenter avec la croissance démographique et le vieillissement de la population. D’ici 2050, selon une étude internationale publiée en 2017 dans la revue scientifique britannique The Lancet Global Health, le nombre de personnes aveugles devrait doubler (et dépasser les 115 millions) et le nombre de personnes malvoyantes (présentant une déficience visuelle modérée à sévère) devrait presque tripler (et atteindre les 588 millions).
Causes
Selon l’OMS, les principaux responsables des déficiences visuelles au niveau mondial sont:
- la dégénérescence maculaire liée à l’âge (dégradation de la tache jaune (macula) de la rétine, compromettant la vision centrale)
- la cataracte (dégradation des protéines de l’œil et perte de transparence du cristallin, entraînant un trouble de la vision)
- la rétinopathie diabétique (lésion des vaisseaux sanguins de la rétine due au diabète)
- le glaucome (lésion du nerf optique, souvent due à une augmentation de la pression à l’intérieur de l’œil)les erreurs de réfraction non corrigées (troubles oculaires causés par le fait que la forme de l’œil complique la mise au point d’images claires par la rétine, comme l’astigmatisme et la myopie).
Il existe des variations substantielles dans les causes entre les pays et à l’intérieur des pays, en fonction de la disponibilité de services de soins oculaires, de leur accessibilité économique et des connaissances de la population en la matière. Par exemple, la part de cataractes est plus élevée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire tandis que des maladies comme le glaucome et la dégénérescence maculaire liée à l’âge sont plus fréquentes dans les pays à revenu élevé.
Emploi
L’American Community Survey révèle qu’aux États-Unis, 44,2% des personnes aveugles ont un emploi et 10% sont au chômage. À titre de comparaison, le taux d’occupation des personnes sans déficience s’élève à 77,2% et le taux de chômage à 4,8%. Aux Pays-Bas, seuls 35% des personnes aveugles et malvoyantes ont un emploi, alors que le taux d’occupation de la population active est de 67%.
L’un des principaux facteurs faisant obstacle à l’emploi est l’attitude des employeurs. Selon le magazine américain Fast Company, les employeurs n’ont qu’une connaissance très limitée des tâches que les personnes déficientes visuelles peuvent exécuter. S’ils le savent, leur attitude est plus positive et la probabilité d’engager une personne déficiente visuelle augmente.
L’inaccessibilité des sites de candidatures de nombreuses entreprises et organisations constitue également une entrave. La majorité d’entre eux ne sont pas adaptés à l’utilisation d’un lecteur d’écran (logiciel qui lit le texte affiché sur l’écran de l’ordinateur). Or, permettre aux personnes déficientes visuelles de postuler pour un emploi qui les intéresse est une étape fondamental dans l’amélioration de l’accès au marché du travail.
Adaptation du lieu de travail
Les personnes souffrant d’une déficience visuelle peuvent globalement effectuer les mêmes tâches que les personnes voyantes, moyennant les adaptations nécessaires.
Accès au lieu de travail
Il faut veiller à ce que le lieu de travail physique soit facile à atteindre. Principaux points à prendre en considération:
- accessibilité par les transports publicsétat des voies d’accèstrajet à parcourir dans l’entreprise (p.ex. faciliter la circulation entre l’entrée et la réception)
- indication appropriée des issues de secours
- éclairage
- obstacles dans le bâtiment.
Outils et organisation
Voici quelques outils et initiatives qui peuvent aider les travailleurs aveugles et malvoyants:
- objets aux couleurs contrastées
- loupes optiques
- enregistreurs audio portables analogiques ou numériques
- mentions en braille ou en gros caractères sur les photocopieurs, les armoires, etc.
- réduction du bruit de fond
- réorganisation des tâches au sein du service où la personne travaille.
Outils informatiques
Grâce aux évolutions technologiques, les personnes déficientes visuelles ont accès à de nombreux emplois. En voici quelques unes:
- grand écran
- smartphone/téléphone avec de gros boutons
- couleur du fond de l’écran ou des lettres, type de police ou de mise en page adaptables
- programmes adaptés: synthèse vocale, logiciel d’agrandissement, etc.
- barrette braille (appareil à connecter à l’ordinateur qui permet de retranscrire en braille le texte affiché sur l’écran)
- scanner avec reconnaissance optique des caractères (l’ordinateur scanne les textes et les retranscrits de manière à ce qu’ils puissent être lus à l’aide de la barrette braille ou du lecteur d’écran)
- lecteur Daisy (Digital Accessible Information System), un système conçu pour les textes et livres audioloupe pour écran (comprend un écran et une caméra dirigée vers un plateau de lecture; l’image capturée par la caméra est ensuite agrandie)
- imprimante braille (imprime les documents en braille).
Chien guide
Un chien guide facilite considérablement la vie d’une personne déficiente visuelle. Mais, afin d’éviter les erreurs et les situations dangereuses, le chien et son maître doivent pouvoir restés concentrés. Il faut donc établir des règles sur le lieu de travail, notamment sur la manière dont les collègues doivent se comporter avec le chien, sur le fait que le chien va accompagner son maître chez des clients,…
A ne jamais faire!
- donner à manger au chien
- le caresser sans le demander à son maître
- appeler le chien et siffler pour attirer son attention
- retirer la laisse de la main du maître
- répéter les ordres du maître.
Comment se comporter avec un collègue aveugle ou malvoyant?
- Mettez-vous toujours à la place de la personne aveugle ou malvoyante.
- Indiquez-lui ce que vous faites ou ce que vous allez faire. Dites-lui, par exemple, quand vous quittez la pièce et quand vous revenez (cela lui évitera de parler dans le vide, ce qui est plutôt désagréable).
- Replacez les objets que vous utilisez au même endroit ou dites-lui où ils se trouvent s’ils ont été déplacés.
- Évitez les expressions comme ‘ici’, ‘là’ et ‘là-bas’. Privilégiez plutôt des indications axées sur la personne, comme par exemple ‘à votre gauche’.
- Exprimez-vous autant que possible avec des mots: montrer du doigt, faire des gestes ou sourire ne permettent pas de communiquer avec votre collègue aveugle ou malvoyant (certains gestes et expressions faciales jouent cependant un rôle dans la communication verbale car ils influent sur le ton que vous employez).
- Si vous souhaitez montrer un objet à votre collègue, placez-le dans ses mains (après l’en avoir averti).
- Il ne faut pas forcément éviter les verbes comme ‘voir’, ‘regarder’ et ‘lire’, étant donné que les personnes déficientes visuelles les utilisent aussi.
- Signalez-lui votre présence en indiquant votre prénom. Il est cependant possible que votre collègue puisse reconnaître votre silhouette, cela dépend de la gravité de sa déficience visuelle. Si une autre personne se joint à la conversation, à la réunion ou à la formation, indiquez-le également.
- Adressez-vous à votre collègue malvoyant ou aveugle en l’appelant par son prénom pour qu’il sache que c’est à lui que vous voulez parler.
- Ne touchez pas votre collègue de manière inattendue pour éviter qu’il ne prenne peur. Indiquez-lui au préalable ce que vous avez l’intention de faire.
- Si vous faites une présentation (PowerPoint), privilégiez les explications orales.
Le braille est un système d’écriture à six points en relief (regroupés dans une grille de deux sur trois) inventé par Louis Braille au XIXe siècle. Bien qu’il soit parfois considéré comme démodé, il reste l’outil par excellence des personnes déficientes visuelles quand il s’agit d’apprendre à lire et à écrire. Il est d’ailleurs compatible avec les technologies modernes. |
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